"Espace vide, de vie", 2017

Mon père est danseur et chorégraphe. En 2017, je le suis lors de performances dans le cadre de la mission culture à l’hôpital au CHU de Rouen. Les images qui en ressortent sont vides de corps. Je me rends compte aujourd’hui que cette origine d’image me poursuit depuis le début. Une chambre d’hôpital, un lit vide, défait, des draps froissés, des plis, des traces corporelles. Un espace vide de vie : à comprendre dans un sens ou un autre, ce titre insiste sur le fait que l’on peut considérer que la présence corporelle n’existe plus ou qu’elle est toujours présente. La personne est-elle partie ? Revient-elle ? Est-elle décédée ? A-t-elle été transférée dans un autre service ? Est-elle guérie ? Est-elle rentrée chez elle ? Plus d’un scénario est possible et pourtant, à l’image, c’est l’indice du passage du corps qui résiste.
Ce rapport à la corporéité me pousse à me dire que c’est la trace que les individus laissent de leur corps qui m’anime, ce que disent leurs corps, ce qu’une matière peut dire d’une présence. L’absence d’un corps dans des situations où il était forcément présent auparavant nous renvoie intensément à son existence. L’espace vide crée un corps imaginaire dans l’esprit de chacun. Ma recherche s’est donc construite et continue de se construire autour du rapport entre le corps et ses « supports », ses « enveloppes », ses traces, ses empreintes, dans un contexte intime lié au quotidien, au collectif, relevant du vivre ensemble.

Espace vide de vie - CHU de Rouen, décembre 2017
Tirage photographique couleur, 21x29,7cm avec cadre et marie-louise